Une vision du coaching
Pour moi, un "client" c'est d'abord une rencontre. Souvent, celle-ci se concrétise à l'occasion d'une formation que j'anime et se manifeste par une envie partagée, presque évidente, de poursuivre ensemble. A partir de là, j'aspire à croire qu'un bout du chemin est déjà fait.
Ce qui me porte, c'est accompagner la personne dans ce que l'on appelle les "transitions" : les "accidents" qu'elle traverse, ses remises en question, les projets qu'elle façonne en son for intérieur, les choix - tant professionnels que personnels - qu'elle a et aura à faire...
Je souhaite ici mentionner mon expérience spécifique dans l'accompagnement des personnes en prise avec des relations toxiques (émanant de managers, de collègues, de proches...).
Et... pour être tout à fait transparente, je suis assez mal à l'aise avec l'appellation "coaching" et l'engouement qui s'y rapporte (d'où le titre de cette page).
Coaching ? Quésaco ?
Au début de son livre "Le métier de coach" - paru aux Editions d'Organisation, en 2002 -, François Délivré nous en donne une "définition provisoire" : "C'est une série d'entretiens individuels entre vous-même et un tiers extérieur dont c'est le métier (le coach). Ces entretiens ont pour but de vous aider à atteindre vos objectifs et à réussir votre vie personnelle et professionnelle."
En la matière, chacun peut accéder à une quantité infinie d'informations accessibles en un clic de souris. Il existe également bon nombre d'ouvrages, de courants, d'écoles...
Dans cette profusion, il est parfois difficile de se faire un avis objectif sur une pratique couramment répandue mais qui donne lieu à bon nombre de représentations. Certaines erronées, d'autres pas... C'est la raison pour laquelle je m'adonne - non sans délectation - à la rubrique "vrai-faux", ci-après !
On bouscule les idées reçues ? Chiche !
Un coach, c'est quelqu'un qui vous dit ce que vous devez faire
Faux ! Un coach ne sait pas mieux que vous ce qui est bon pour vous. Il ne vous donne pas de conseils mais, par son processus d'intervention, vous aide à faire émerger "vos" solutions.
Au mieux, si cela lui paraît approprié à un moment précis d'une séance, il osera (peut-être, éventuellement, parcimonieusement...) une "suggestion" mais, un coach, c'est d'abord un catalyseur de changement.
Le coaching, c'est cher et ça marche pas !
Oui, c'est un investissement et, en effet, ça peut ne pas "marcher" (fuyez ceux qui vous diront le contraire).
Le coaching a un coût, c'est indéniable : les tarifs varient suivant le type de coaching (personnel ou professionnel, individuel ou d'équipe...) et, en entreprise, ce coût est souvent proportionnel au niveau de responsabilité de la personne accompagnée. Le niveau d'expertise et l'expérience du coach sont également des critères à prendre en compte.
Pour ce qui est des résultats, ils ne sont pas garantis. La réussite d'un coaching dépend d'un certains nombre de paramètres, à commencer par la motivation, l'implication du coaché et son désir de changement sincère, sans oublier - là encore - la compétence du coach...
Un coaching, ça dure longtemps
Euh... qu'entendez-vous par "longtemps" ?
En moyenne, un coaching s'étend sur une dizaine de séances d'une durée d'1H30 à 2H00/2H30, étalées sur une durée de 3 à 6 mois. Cela peut être un peu plus ou un peu moins, suivant la complexité de la problématique du client.
Par contre, un unique "coaching" d'1H30/2H00 ou un programme de plus de 20 séances (ce qui est déjà beaucoup) ne sont pas, à proprement parler, du coaching : c'est un coup de pouce ponctuel ou tout autre chose mais... pas du coaching !
L'objectif d'un coach professionnel, c'est de vous accompagner vers une autonomie d'action et que... vous n'ayez plus besoin de lui ! ;-)
Le coaching, c'est pour ceux qui sont "pas bons" dans ce qu'ils font (ou qui vont mal)
Non ! Un coaching, c'est un cadeau que l'on vous fait (si c'est votre employeur qui vous le propose - et non vous l'impose...) ou que vous vous faites à vous-même (s'il s'agit d'une démarche personnelle). C'est une chance.
Pour qu'un coaching fonctionne et vous permette d'obtenir les résultats escomptés, vous allez mobiliser les ressources nécessaires pour y arriver. Cela signifie que les ressources et les capacités de mobilisation... vous les avez déjà ! :-)
Le coach est un professionnel - parmi d'autres - qui va vous aider à en prendre conscience et les utiliser à bon escient. Il n'intervient pas (ou que peu) dans un processus de réparation mais bien dans une démarche de développement de vos potentialités. Avec les possibles qui s'y rapportent.
Coaching et thérapie, c'est la même chose
Formulé de la sorte, c'est faux ! Et c'est là que s'ouvre le débat des "frontières" entre les deux...
Si on schématise : le coach accompagne un client sur la base d'objectifs spécifiques préalablement définis, dans une démarche orientée "solutions", alors que le thérapeute va davantage s'intéresser à la question du "pourquoi" (des causes), avec un retour sur le passé de la personne.
Toutefois, ce n'est pas si simple... Un coaching - et a fortiori un coaching personnel - va forcément faire des incursions dans l'histoire du coaché et celui-ci peut ressentir le besoin d'un accompagnement plus en profondeur. Si le coach - et ce n'est pas toujours le cas - dipose des compétences et outils lui permettant "d'y aller", si cette intervention est clairement affichée comme telle et validée par la personne qu'il accompagne (si elle est contractualisée, c'est encore mieux !), pourquoi s'en priver, si c'est au bénéfice de l'objectif poursuivi ?
Un coach, c'est une sorte de gourou, non ?
Non ! Dans la relation d'un coach avec le coaché, il n'est pas question de "pouvoir sur" mais bien de "pouvoir pour". Sauf si...
... le coach se trouve, lui-même, empêtré dans des jeux de pouvoir et/ou dans un sentiment inconscient de toute-puissance (ce qu'un travail sur soi - approfondi et durable - et le respect d'une déontologie rigoureuse - dont une supervision régulière - permettent d'éviter). Malheureusement, il arrive aussi que le coach soit un manipulateur, avec les conséquences que cela peut engendrer.
Tout le monde peut être coach !
Je ne crois pas, non... Certes, tout un chacun a déjà "fait du coaching", dans le sens d'être là pour quelqu'un, l'encourager, lui donner confiance, l'aider à traverser un moment difficile et bien d'autres "choses humaines" encore... Mais tout le monde ne peut pas "être" coach.
Être coach professionnel, c'est être formé pour mais pas que... C'est embrasser un métier exigeant, rigoureux, qui demande la maîtrise d'un certain nombre d'outils, techniques et processus d'intervention, des savoir-faire et talents particuliers "mis au service de...", une clairvoyance sur soi que seul un solide travail personnel (accompagné) peut apporter et développer, l'incarnation des valeurs que l'on prône...
Au-delà, c'est - selon la vision que j'en ai - un état d'être emprunt d'humilité et de remises en question constantes, de curiosité et d'une envie furieuse d'apprendre encore et encore.
Alors, un coaching... comment ça se passe ?
Des incontournables à questionner et (re)questionner sans modération !
Une déontologie
La profession de coach n'étant pas (encore) une profession réglementée, la notion de déontologie n'en est que plus indispensable. C'est un "code" qui formalise les devoir du coach et les droits de la personne accompagnée. Elle permet également de se prémunir des "jeux de pouvoir" inhérents aux processus relationnels - et auxquels le coach se doit d'être particulièrement attentif.
Pour ma part, ayant été par le passé vice-présidente de la FFCPro (Fédération Francophone de Coachs Professionnels), en responsabilité pour la région Hauts-de-France, je conserve sa Charte déontologique comme repère et boussole.
Un objectif
Un coaching se déroule toujours sur la base d'un (ou plusieurs) objectif(s) qui sont définis au démarrage de l'accompagnement.
Un "bon" objectif doit répondre à des critères précis et il peut être nécessaire de passer un certain temps - voire un temps certain ! - à le "clarifier" (c'est à dire, pour le coach, à poser les questions qui permettront de fixer le cap de la démarche et, pour le coaché, à y répondre...).
Selon les aspirations de la personne accompagnée, les objectifs peuvent être de nature variée et se rattacher au champ professionnel (renforcer sa légitimité managériale, s'affirmer davantage dans ses relations professionnelles, organiser son activité de façon plus efficiente...) ou personnel (concrétiser un projet important pour soi, améliorer sa qualité de vie, sortir d'une relation toxique...).
Un cadre d'intervention
Un incontournable, posé dès le départ, qui se traduit généralement par l'établissement d'un contrat (écrit) et remplit plusieurs fonctions utiles aux deux "parties" : formalisation, organisation, sécurité...
Le cadre porte sur "ce qu'on va faire ensemble" (objectifs, indicateurs de réussite...), "comment on va le faire" (durée de l'accompagnement, nombre de séances, périodicité, modalités et lieux de rendez-vous, méthodes, outils, coûts...) et "ce qui sécurise la relation coach-coaché" (contrat relationnel, confidentialité, déontologie, limites de l'intervention...).
Des "travaux" personnels
Si le boulot du coach est de fournir au client un processus sécurisant (je n'ai pas dit "confortable" !) pour aller vers l'objectif poursuivi, c'est bien le coaché qui bosse et fait l'essentiel du chemin !
Ainsi, à la fin de chaque séance, le coaché va s'engager sur des actions concrètes (ou réflexions, exercices...) qu'il aura à mener pour la séance suivante. Celle-ci débutera par un retour sur les actions en question, retour à l'occasion duquel le coach sera particulièrement attentif à valoriser et ancrer les réussites.
Des réalisations concrètes... et mesurables !
Dès le début, la clarification de l'objectif s'accompagne de la fixation de critères de mesure. Si, au fil des séances, la personne accompagnée peut mesurer ses avancées, c'est la différence "avant-après" qui marque le succès de la démarche.
Ses résultats sont concrets, observables et durables. Un coaching réussi "fait la différence" dans la vie professionnelle et/ou personnelle du coaché.
